Le procès Pistorius mis à mal par des erreurs de traduction

L’Afrique du Sud avait déjà dû présenter ses excuses suite à la traduction désastreuse du discours d’Obama en langue des signes à l’occasion des funérailles de Mandela (reportez-vous à notre article du 4 janvier 2014). Récemment, le pays a de nouveau été mis à mal, en matière de traduction, dans le cadre du procès Pistorius.

Dès la première audience, il a en effet été clair que la traduction de l’afrikaans vers l’anglais laissait clairement à désirer.

Par exemple, la voisine de l’athlète racontait avoir entendu des cris pendant la nuit de la Saint Valentin 2013. Cette fameuse nuit où le champion dit avoir tué sa petite amie par erreur.

La voisine en question a évoqué le terme « deurmekaar » en afrikaans pour décrire le déroulement de la soirée, un terme qui signifie chaotique. Cependant, ce terme a été traduit par « confus ». L’avocat de Pistorius a profité de l’occasion pour décrédibiliser le témoignage, soulignant le fait que le témoin n’était pas sûr de ce qu’il affirmait.

« C’est l’interprétation la plus grossière et incorrecte que j’ai vue depuis longtemps », s’insurge Johan Blaauw, Président de l’institut des traducteurs sud-africains.

S’il existe onze langues officielles reconnues en Afrique du Sud, la langue de Shakespeare est de mise depuis la fin l’apartheid, et les témoignages doivent être déposés en anglais.

« Il est difficile de témoigner dans sa deuxième langue (…), la personne appelée à témoigner est souvent sous pression », souligne Renee Marais, Responsable du département de traduction-interprétariat de l’Université de Pretoria.

« Lorsqu’on ne parle pas dans sa propre langue, on peut choisir un mot légèrement ‘à côté’ car c’est le premier qui nous vient à l’esprit », renchérit M. Blaauw.

C’est exactement ce qui s’est passé lors du témoignage de la police scientifique, suite auquel le colonel Vermeulen a été accusé de négligences par la défense. En effet, lorsqu’il a été demandé à ce dernier pourquoi les débris sur la porte n’avaient pas été analysés, il a répondu en anglais « Je ne me suis pas embêté avec ça », termes qu’il n’aurait certainement pas choisis en afrikaans…

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