Inferno, boulot, dodo

Inferno, le dernier roman de Dan Brown, est, selon un magazine italien « le livre le plus attendu du monde ».

L’auteur a voulu faire plaisir à ses éditeurs étrangers. Son roman paraîtra simultanément dans une quinzaine de pays.

Il fallait donc que les traductions soient toutes finalisées au même moment.

Aussi, du 18 février au 05 avril 2013, des traducteurs français, allemands, brésiliens, espagnols (souvent 2 ou 3 traducteurs par langue) et une traductrice catalane ont été confinés dans ce qu’ils ont eux-mêmes appelé « le bunker ». Un espace de 200 mètres carrés au sous-sol du siège de Mondari, éditeur de Dan Brown en Italie.

« Un véritable no man’s land, nous étions coupés du monde », a affirmé Dominique Defert, le traducteur français, qui avait déjà traduit les deux derniers romans de Dan Brown.

Les traducteurs professionnels travaillent habituellement de chez eux, avec leurs propres outils et un rythme personnel de travail.

La traduction d’Inferno ressemblait à une opération commando : interdiction de révéler à ses proches la raison de son séjour en Italie ; interdiction de rentrer en contact avec les 400 employés de l’immeuble ; obligation de faire scanner chaque jour un badge spécial et de pointer à l’entrée de l’espace de travail ; obligation de se défaire de son téléphone portable. Toutes les pauses cigarettes ou sorties aux toilettes étaient notées par les vigiles qui se relayaient jour et nuit pour surveiller l’équipe de traduction.

Les ordinateurs étaient entièrement nettoyés, au début et à la fin de la traduction.

Chaque soir, les textes étaient mis en réseau sur un système indépendant.

« Le dernier jour, la traduction a été adressée, via une clé USB codée, à une personne référente, dans chaque maison d’édition », a indiqué Dominique Defert.

Ce professionnel a traduit non stop, sept jours sur sept, de 10 à 23 heures, conduit de son hôtel jusqu’au bunker à bord d’une navette spéciale, comme ses confrères.

Il a déploré « l’interdiction d’avoir un accès individuel à Internet. Nous devions nous partager quatre terminaux et noter sur un papier l’objet de nos recherches ».

Il est incontournable pour un traducteur de préparer sa base de travail avec des documents de référence, consultations sur le Web, recherches variées. On imagine alors combien ces contraintes d’accès à l’information ont pu être frustrantes.

Pour la version française, la traductrice Carole Delporte a travaillé en binôme avec Dominique Defert et la chef de fabrication de JC Lattès a également fait le déplacement jusqu’à Milan pour commencer les premières corrections.

Que de frais pour ces conditions exceptionnelles de traduction !

Bien sûr, de nombreux engagements de confidentialité totalement verrouillés ont dû être signés. « A la moindre incartade, nous aurions été passibles d’une amende de plusieurs millions d’euros », précise Dominique Defert. « En revanche, si notre traduction était égarée par l’éditeur ou les agents, notre dédommagement aurait atteint généreusement les 1 000 euros ! ».

Inferno sera-t-il vraiment LE roman de l’été ? Nous sommes impatients de connaitre l’avis des lecteurs, quelle que soit la version choisie.

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